Galerie Felix Frachon | 26

L’exposition FROM COLORS de MARIANNE AUBLET regroupe des oeuvres créées à Paris depuis les années 1976 et sa collaboraion avec Billy Hater dans son fameux atelier parisien ATELIER 17.

A la rencontre d’un héritage, les Azulejos Terre de pionnier voyageur, la Bretagne est une entité géographique et historique à part entière.
Avec son avancée sur la mer, elle a constitué, alors qu’elle était indépendante, une plaque tournante d’échanges économiques entre les pays d’Orient et d’Occident. Telle une route commerciale, elle a formé son identité avec plusieurs peuples; des Gaulois celtes aux Romains en passant par les Espagnols.
Né de cet héritage, l’artiste Arnaud Rochard originaire de Guérande fait émerger cette mémoire collective pendant sa résidence à la Casa Velasquez, un temps long précieux qui favorise une création immersive, à la découverte d’une culture et au dépassement de soi. L’artiste l’expérimente à son apogée et trace une suite évidente dans son parcours qui découle de plusieurs étapes plus ou moins longues, faites de voyages et de migrations.

Dans les prémices de sa venue en Espagne, l’artiste était résident en Belgique, là bas, il a puisé dans les iconographies des gravures hollandaises et flamandes. Présentes comme des références, elles forment une encyclopédie de motifs qui nourrie l’imaginaire de l’artiste en sa source esthétique.
Mais, c’est à travers l’expérimentation de divers savoirs-faire traditionnels, comme la technique d’impression du papier peint et la pratique artisanale de la céramique que l’artiste décline sa pratique en perpétuelle renouvellement, au cours de ses périples. C’est d’ailleurs, ce travail de la terre qui va le guider à la découverte des Azuléjos, cet art ancien venu d’Andalousie et dont l’objet de création est la réalisation de carreaux de faïence décorés. Un processus qui associe le dessin, la gravure et la peinture dans une unification des médiums entre eux. Cette méthode n’est pas sans rappeler la pratique hybride de l’artiste qu’il valorise avec davantage de sens dans de nouvelles
compositions issues de cette analyse.

Au commencement de la recherche, préfigure la contemplation de l’environnement. Que ce soit le paysage du pays basque-territoire de transition de la France à l’Espagne-ou l’architecture avec la façade du Palacio de Velasquez et sa fresque en frise dans le Retiro à Madrid, l’artiste y scrute le moindre détail. Plus tard, à l’atelier, Il y extrait une perspective, une couleur, un symbole qui composera un tableau. En autarcie, il va ensuite, créer les matrices pour l’impression, fabriquer lui même des outils d’appositions, comme les tampons ou les rouleaux, puis faire advenir le tableau. Le geste devient alors répétitif et la peinture s’épuise par sa mécanique dans une ritournelle. Puis de nouveau le voyage prend place, avec la découverte de

l’Andalousie à Séville et son palais d’Alcazar. Une rencontre décisive avec l’héritage arabe qui le conduit à sa quête de l’Azulejo dans sa tradition arabo-musulmane invitant l’artiste à s’éloigner du figuratif pour faire advenir une nouvelle dimension, l’abstraction. Au fur et à mesure, la forme prend place sur le fond avec force.
Dans une relation presque sérielle au développement de l’image, entre la trame, la toile apparaît et transpose le tableau textile de l’horizontale à la verticale, de la même manière qu’un tapis devient tapisserie. Les Azuléjos y prennent part comme motif, ils se juxtaposent et dans la délimitation de la matière de la peinture, une ligne de démarcation apparaît telle une arrêté de transition. Enfin le choix des couleurs soigneusement maîtrisées par contraste et complémentarité fait jaillir la lumière.
La pratique de l’artiste se transforme alors, convoquant le lâcher prise avec l’aboutissement de la résidence

. Un phénomène qui rappelle que la véritable œuvre advient par transition et dépassement.

Marianne Aublet dans ses œuvres révèle les couches systémiques de l’Histoire en nous transportant dans les méandres d’une culture universelle au croisement des civilisations.